Présentation de l’article
ÉtatBon état
TailleXXXS / 30
LE GUETTEUR D'OMBRE de Pierre MOINOT Ed. Gallimard
Bon état
Un homme sans nom fuit la ville où il vit. Il a été ethnologue, il est devenu rédacteur en chef d'un quotidien, deux façons d'aborder la durée qui lui ont fait oublier l'éternité. Il fuit son métier. Il fuit la culture que sécrète son époque si disparate qu'il y a perdu ses propres sources. Il fuit les deux êtres qu'il aime le plus au monde, sa femme parce qu'il ne supporte ni que cette passion l'asservisse, ni qu'elle s'use aux jours ordinaires, sa vie parce qu'il doit accepter qu'elle le quitte. Il fuit ce que sa vie et son temps ont fait de lui.
C'est dans la haute forêt qu'il va chercher ses exorcismes, à la poursuite d'un cerf presque mythique avec lequel s'engage un long combat d'approches, de feintes, de guets, de calculs. Sa quête - où l'accompagne au début, bien qu'il soit mortellement malade, un garde à qui le lie une complicité initiatique - va peu à peu le conduire dans une extrême solitude. Il vit au rythme de son adversaire, retrouve le temps des arbres, la gloire du jour, les peurs de la nuit. Dans ses retraites, il côtoie Dieu, les exigences primitives des corps, la longue légitimation des siècles, l'accord de sa nature avec une nature violente peuplée d'animaux et d'êtres épiés, dont il suffit, quand on a pu les voir, de posséder l'apparence. Seul se dérobe même aux regards le cerf insaisissable, son double peut-être, son "noyau infracassable de nuit".
Vaincu, le chasseur saura en même temps que son vainqueur l'a mis à nu, mis au net. Réconcilié avec son histoire, il décide d'abandonner sa chasse, de retourner vers son amour, vers la ville, vers son époque, et peut-être vers l'espoir des temps fraternels. A ce moment surgit, dispensé par la main d'une jeune femme semblable à un rêve, ce qu'i n'a cessé de marcher près de lui derrière les arbres.